Non lieu pour les soldats français accusés de viols en Centrafrique
Lundi 15 janvier, un non-lieu a été ordonné par les juges d’instruction en faveur des soldats français de l’opération Sangaris accusés de viol sur des enfants en Centrafrique, entre 2013 et 2014. (source AFP)
Faute d’avoir pu établir leur implication et conformément aux réquisitions du parquet de Paris, les juges ont rendu jeudi un non-lieu dans ce dossier clos sans aucune mise en examen, selon une source judiciaire. Les accusations, portées par des enfants contre des soldats français, avaient été révélées en 2015 avaient terni la réputation de l’armée française déployée dans le pays pour restaurer la sécurité après des mois de violences interconfessionnelles.
Dans ses réquisitions, le parquet a souligné dans ses réquisitions qu’“il ne peut être affirmé à l’issue de l’information qu’aucun abus sexuel n’a été commis”, mais que les incohérences matérielles et “la variation des témoignages ne permettaient pas d’établir des faits circonstanciés et étayés à l’encontre des militaires”.
C’est en avril 2015 que le quotidien britannique The Guardian avait dévoilé l’affaire, faisant état d’une note interne de l’ONU relatant les auditions de six garçons de 9 à 13 ans. Tous affirmaient que des militaires français avaient abusé d’eux au sein du camp de déplacés de l’aéroport M’Poko de Bangui, en échange de rations de nourriture, entre 2013 et juin 2014.
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Le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire courant juillet 2014, après avoir été saisi par le ministère de la Défense. Celle-ci était cependant restée secrète, suscitant de nombreuses reproches à l’encontre des autorités françaises et de l’ONU, vertement critiquée pour son manque de réactivité.
Pour rappel, la force Sangaris de l’armée française avait été déployée en 2013 après des violences entre rebelles musulmans, les Séléka, et miliciens chrétiens, les Anti-balaka, survenues en Centrafrique. C’est dans ce cadre qu’une dizaine de militaires avaient été accusés d’agressions sexuelles envers des enfants centrafricains. Les soldats désignés comme étant les agresseurs avaient alors été entendus, l’un d’entre ayant été en garde à vue. Les enquêteurs s’étaient par la suite rendus sur place en 2015 et 2016 pour auditionner à nouveau les enfants. D’autres scandales ont depuis éclaté concernant des contingents d’autres pays.
“Il est vraisemblable que nous allons faire appel pour ne pas donner le sentiment, à celles et ceux qui se sont battus dès le départ, que l’affaire est terminée et que nous renoncerions à identifier les auteurs des infractions et à établir les responsabilités et les culpabilités”, a indiqué Emmanuel Daoud, avocat de l’ONG Ecpat qui lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants et qui devrait faire appel suite à cette décision.
