Maîtresse d’un homme marié : la série qui déshabille la société sénégalaise
Depuis quelques semaines, une série africaine fait particulièrement parler d’elle sur la toile. Il s’agit de la série sénégalaise Maîtresse d’un Homme marié, un soap opéra retraçant les aventures de 5 jeunes femmes dakaroises. Entre tradition et modernité, la série suscite le débat sur les tabous de la société sénégalaise.
Maîtresse d’un homme marié c’est tout d’abord un soap opéra qui se calque sur le modèle des telenovelas qui font fureur au Sénégal. mais parvient néanmoins à préserver à son identité. En effet, la série est majoritairement en wolof (sous-titrée en français) et s’immisce dans la culture et dans la vie au Sénégal sans pour autant nier l’empreinte religieuse très présente dans le pays.
On y voit mis en scène une communauté sénégalaise de voisinage issue de la classe sociale supérieure, voire bourgeoise. Les trains de vie et les aventures personnelles de 5 jeunes femmes ambitieuses et travailleuses chacune puissantes à leur manière nous y sont racontés.
La série réalisée par Kalista Sy a été créée par une femme dénommée pour les femmes. On y sent dès le début l’engagement féministe en se concentrant sur le point de vue des femmes pour mener l’intrigue de la série.
“Ce que j’ai entre les jambes, je l’offre à qui je veux”
Marème Dial à Amsa, sa meilleure amie
L’histoire se concentre principalement autour de Marème Dial, une jeune femme émancipée et moderne. Marème est une femme libre et elle le revendique. Elle habite en colocation avec sa meilleure amie et est employée dans une entreprise au sein de laquelle elle s’épanouit. Elle est célibataire jusqu’au jour où elle commence à entretenir une relation avec Cheikh Diagne, un homme marié, patron d’une entreprise. Marème assume sa sexualité et ne se laisse aucun homme la dominer. La jeune femme s’éloigne totalement du modèle traditionnel de la femme sénégalaise qui doit être obéissante, discrète et aux petits soins son mari. Elle est l’opposée de Lalla, l’épouse de Cheikh qui semble vivre une relation idyllique avec lui, mais qui, par la suite, finit par se rebeller et sortir partiellement de sa position d’épouse parfaite lorsqu’elle s’oppose à la deuxième relation de son mari. Celle-ci avait pourtant signé le régime de la polygamie lors de leur mariage.
Les autres femmes de la série sont tout aussi puissantes et amènent avec leur personnage leur bagage riche qu’est leur histoire personnelle et particulière. Chacune de ses histoires est, au demeurant, le reflet d’un sujet tabou de la société sénégalaise. Parmi eux : les maladies mentales, le viol, les relations familiales toxiques, la liberté de la femme de disposer de son corps. Ces sujets sont très peu abordés dans les cultures africaines, pour ne pas dire occultés, et sont souvent intériorisés par les concernées. Maîtresse d’un Homme marié permet d’ouvrir le débat à travers une forme très appréciée qu’est le cinéma.
La série est un véritable succès ! Elle compte 1 million à 2 million de vues sur Youtube en plus de ses diffusions sur la deuxième chaîne de télévision sénégalaise 2STV. Avec Maîtresse d’un homme marié, Marodi est sur la bonne voie pour ouvrir le chemin d’un cinéma de masse représentatif et conscient.
