Les Massaï se battent pour protéger leur “marque” exploitée par les multinationales
Les Massaï (ou Maasaï), population d’éleveurs et de guerriers semi-nomades d’Afrique de l’Est, principalement au Kenya et Tanzanie, sont l’une des tribus les plus connues du public occidental, notamment en raison de leur statut de garants de parcs animaliers. Ce que la plupart des Occidentaux ignorent, c’est que bien qu’attachés à leurs traditions culturelles, le peuple Massaï est aussi très impliqué dans la vie économique, social et politique de la région.
C’est forts de leurs expériences et afin de protéger leur héritage, que les Massaï réclament désormais des royalties auprès des grandes marques qui surexploitent leur images. Au Financial Times, Isaac ole Tialolo, président de la branche kenyane de ‘Maasai Intellectual Property Initiative Trust’ qui représente la communauté massaï dans les deux pays, explique s’être posé la question de la propriété intellectuelle, après qu’un touriste le prenne en photo sans son accord : “Il n’avait pas demandé la permission, donc j’ai cassé son appareil photo”

L’homme d’affaire Massaï emprunte désormais “une approche plus légaliste pour protéger – et monétiser – son héritage culturel et celui de presque deux millions de Massais qui rassemble leurs troupeaux dans une bande de terre à cheval sur la frontière kényo-tanzanienne”.
Les Massaï étant mondialement connus pour “leurs toges rouges, leurs colliers de perles fines et leur histoire de fiers guerriers”, Isaac ole Tialolo s’applique à éduquer sa communauté quant à la valeur de son image. Il a ainsi recruté des avocats afin de convaincre les multinationales de reconnaître la “marque commerciale” des Massaï et qu’elles acceptent de payer des royalties pour l’exploiter. Pour rappel, ce sont près d’un milliers de compagnies qui en auraient déjà tiré profit, dont de grandes enseignes telles que Louis Vuitton, Calvin Klein, Ralph Lauren ou encore Jaguar Land Rover, estime Light Years IP, un groupe de défense basé à Washington.

Position Business, un autre consultant dérivé de Light Years IP, également recruté par les Massaï, considère qu’il sera ainsi possible de réclamer environ 5% du prix de vente des produits, soit plusieurs centaines de millions de dollars de royalties.
Selon Tialolo : “La meilleure méthode est de parler aux gens […] mais si les entreprises refusent de négocier, nous n’aurons pas d’autres choix que d’aller devant les tribunaux”.
À l’instar des aborigènes d’Australie qui perçoivent des royalties lorsque les entreprises utilisent leur image ou leurs territoires ancestraux pour leurs besoins commerciaux ou marketing, les Massaï qui tentent de protéger leur marque, n’entendent plus se laisser exploiter sans en bénéficier à leur tour.
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