L’authenticité de l’Ile de Ngor
La maison secondaire de Akon est au Sénégal, celle de la chanteuse France Gall y était aussi. Et pas n’importe où : sur l’île de Ngor. Simple et authentique, elle est un havre de paix pour quiconque s’y installe.
L’île de Ngor est un îlot de tranquillité. Il faut s’y rendre en pirogue avec pour direction « la plage de Ngor », à trois minutes de la capitale [Dakar]. L’île qui fait face aux vagues propose un climat idyllique loin du brouhaha ordinaire de la ville.
LES PREMIERS ARRIVANTS
500 mètres de longueur et 200 mètres de largeur suffisent à contenir les vingt-quatre sentiers que présente l’île de Ngor. Et si aujourd’hui, elle est connue pour ses loisirs (activités nautiques) et sa fibre artistique (peintures murales, présences de musiciens, expositions), son attractivité n’a pas toujours ressemblé à celle-ci.
Située à 400 mètres de la presqu’île du Cap-vert, on a souvent entendu dire que les habitants de Ngor, les Lébous, étaient les premiers habitants de Dakar, comme l’a affirmé le chef d’État sénégalais, Macky Sall, en 2016. Une affirmation remise en cause par bon nombre de personnes qui feront part de leur doute, quant à la véracité du tweet du président, à Africacheck dont l’activité principale est la vérification des informations diffusées, en Afrique, dans les débats publics et les médias.
Entre Mamadou Thiam, chargé des médias sociaux à la cellule de communication de la présidence sénégalaise, et El Hadji Hamidou Kassé, ministre-conseiller chargé de la communication de la Présidence, le besoin de vérification des propos du Président s’avère, dans un premier temps, compliqué, avant que Ibrahima Thiaw, chef du Laboratoire archéologie de l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) de Dakar, accepte l’entretien proposé par Afrikacheck.
Et en effet, les propos du Président méritent d’être rectifiés. Les premiers occupants de la presqu’il du Cap-vert remontent à la Préhistoire. « Nous avons des établissements très anciens datant du Paléolithique. Dans les environs de Rufisque, il y a des sites très anciens. On ne peut pas établir leurs ethnies, parce qu’à cette époque il n’y avait pas d’ethnie »
Ce qui reste cependant vrai est la présence des Lébous dans la presqu’île du Cap vert. Le peuple Lébou se serait séparé en formant d’un côté la République Lébou du Cap vert et de l’autre la population du Kayor. Le site Internet de la ville de Dakar informe qu’en 1444, il y avait des Mandingues à Dakar et que l’occupation Lébou date de 1580. En effet, à cette époque, lorsque Denis Dias, le navigateur portugais, découvre le Cap-vert, des Madingues y résident déjà. Ibrahima Thiaw affirme qu’ « il y a eu une invasion de groupes mandé (mandingues) à une période ancienne dans cette région ». Dans l’ordre des faits, les Lébous se seraient certes installés, mais plus tard, entre 1580 et 1617. De plus, les Mandé ne seraient pas non plus les premiers.
Pour le chef du Laboratoire archéologique, on retient les Lébous comme les premiers habitants parce que « la mémoire humaine retient l’événement le plus récent et c’est le cas avec la fondation de la République lébou, qui date du 17e siècle et cela, c’est très récent ».

http://www.leuksenegal.com/2018/03/les-lebous.html
CE QUE L’ÎLE A À OFFRIR
On compte aujourd’hui une centaine d’habitants sur l’île de Ngor, chose que l’on aurait pas pu imaginer quelques siècles plutôt dans la mesure où l’île n’était pas habitée et n’avait d’utilité que pour les pêcheurs et les agriculteurs. Ces derniers y faisaient paître leurs moutons et y cultivaient le mil.
La transition se fait progressivement, puisque de simples pique-niques, on passe à la construction de cabanons, puis de maisons modernes, Ainsi, à partir des années 1950, une île dont le peuplement se voit grandissant.

L’île de Ngor – !ndianeries
Aujourd’hui, l’attractivité y est de plus en plus importante. Clubs sportifs et restaurants locaux font l’originalité de cette île. On y sert même du poisson frais tout droit venu du Fish Market de Ngor.
L’île est par ailleurs célèbre grâce au surfeur Robert August qui y a tourné une scène sur la baie, dans le cadre du film documentaire Endless Summer, en 1964. Toutefois, l’île a su se préserver de toute innovation technologique. À ce jour, elle ne dispose pas d’électricité, en faveur panneaux solaires y sont nombreux.
L’île Ngor est un endroit calme, où les vagues turquoises émerveillent les touristes qui s’y prélassent en dégustant ses spécialités.
