culture

Lassa ou le legs de Bob Marley 40 ans après sa mort

par Deborah

22 mai 2021

Le village de Lassa à Bakamo est un bout de Jamaïque au Mali. Lieu emblématique de l’histoire du reggae, il est comme un lien impérissable entre Bob Marley et l’Afrique qu’il a tant aimée. Retour sur l’héritage du rastafarisme au Mali, 40 ans après la mort de la légende du reggae.

Non loin de Bamako, sa circulation cahotique et ses dangers automobiles quotidiens, se situe Lassa. Elle est l’une des trois collines de la capitale. On attribue à chacune d’elles des vertus : le Pouvoir, le Savoir et l’Espoir. Juchée entre la colline du Pouvoir et celle du Savoir, Lassa est la colline de l’Espoir.  Son nom est tiré du Bambara, et signifie « détecter, repérer ».

BOB MARLEY ET LASSA : UN LIEN PROFOND

Cette colline est à la fois un village niché à 500 mètres d’altitude et dont l’histoire culturelle n’est pas récente.                                                                                     

En effet, elle abrite depuis 1990 une fratrie rastafari panafricaine qui entretient un lien fort avec Bob Marley. De fait, leur amour pour le reggae et le calme qui réside en ce lieu rappelle la paix et l’unité qu’a toujours souhaité véhiculer le chanteur. Pour tout rasta, le 11 mai est une date indélébile. Le moment de se remémorer l’idéologie pacifique de Bob Marley en faveur de la libération des peuples africains. La preuve en est, du 11 au 13 mai 2018, à l’occasion de la commémoration de sa mort, se tenait à Lassa la première édition du Festival international de ce village. Se sont réunis ce jour, une douzaine d’artistes afin de répandre l’harmonie universelle.

Bamako, le Lac de Lassa/Gakomo

Toutefois, ce n’est pas pour rien que le village de Lassa a la marque indélébile du reggae. Cedella Marley Booker, chanteuse, écrivaine, et mère du chanteur, s’y est rendue en 1996. Sa présence dans ce village de la capitale aura pour répercussion de démarginaliser la communauté rasta au Mali. Autre visite marquante : celle d’Hélène Lee en 2002. Elle est l’épouse de Joseph Lee, un rasta. Journaliste autrefois associée à Libération et spécialiste de la musique jamaïcaine et ouest-africaine, elle est aussi l’auteure de nombreux ouvrages sur la culture américaine. Par ailleurs, c’est elle qui fait connaître ce village à l’Occident. Ainsi, Hélène Lee contribue à l’expansion du reggae en France, ce qui lui vaut le titre de spécialiste du Rastafarisme.

LE MALI, 40 ANS APRÈS LA MORT DE L’ICÔNE DU REGGAE

Malheureusement, pas de commémoration cette année puisque le contexte sanitaire et politique du Mali s’est détérioré. Les Maliens, et particulièrement les habitants de Lassa n’ont pu fêter comme il se doit les 40 ans de la disparation de Bob Marley. Et pour cause, le Mali fait face à une hausse des cas de COVID-19 avec une personne sur trois testée positive.                                                                                                                                              En outre, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali, une organisation syndicale de fonctionnaires et de salariés du secteur privé, a fait un appel à la grève depuis le lundi 17 mai, et pour cinq jours. Salaires, primes et indemnités sont en jeu suite à l’échec de négociations avec le gouvernement malien.                    

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Dans le même temps, le pays fait face à une mobilisation sociale permanente en réponse au coup d’État militaire d’il y a neuf mois.

Entre la démission du premier ministre, vendredi 14 mai, puis son maintien sous l’ordre du président de transition, le Mali est en proie à l’incertitude. Reste que les élections de février 2022 qui se profilent, offrent un climat préoccupant.      

Bob Marley. Gala

Dans cette atmosphère, comment Lassa pourrait-elle rendre hommage à celui qui aura permis que l’audience des rastas devienne planétaire ?

Pour le Mali, le legs de Bob Marley reste en suspens, dans un contexte où les messages révolutionnaires véhiculés par ses chansons pour l’éveil des consciences en Afrique sont plus que jamais mal perçus.