Kwanzaa : l’esprit de Noël à l’afro-américaine ?
Kwanzaa vient terminer le cycle des fêtes de Noël. Cette célébration qui dure sept jours serait pratiquée par un portion modeste des Afro-américains, soit entre 1 et 5%.
Le premier janvier, la dernière fête de fin d’année est cloturé par Kwanzaa. Étalée sur sept jours, cette fête célèbre l’héritage africain des descendants d’esclaves.
Surnommée le “Noël Noir”, Kwanzaa est le symbole du panafricanisme afro-américain. Maulana Karenga, philosophe et fondateur du mouvement US sur l’autodétermination des Afro-américains, fonde la fête de Kwanzaa dans les années 70. En questionnant l’omniprésence de la culture blanche, celui-ci met en place des fêtes alternatives comme le “Black love day” qui se tient le 13 février ou encore le “Holocaust day” qui a lieu le dimanche précédant le Colombus day. La seule fête qui ait survécu c’est Kwanzaa. Celle-ci semble faire partie du patrimoine puisque chaque année, comme pour toutes les autres fête, la Maison Blanche fait un communiqué pour souhaiter une bonne fête aux concerné.e.s.
The official White House statement from @realDonaldTrump marking #Kwanzaa pic.twitter.com/5530s3ptbb
— Beatrice-Elizabeth Peterson (@MissBeaE) 26 décembre 2017
Mais qu’est-ce que Kwanzaa, en pratique ?
Bien que beaucoup aient pu penser, au moment de sa fondation, qu’il était question d’une célébration “africaine”, il s’agit en réalité d’une construction panafricaine d’inspiration africaine. Le mot Kwanzaa qui signifie “les premiers fruits”, est tiré de l’expression « matunda ya kwanza », en swahili. Cela a ainsi entraîné une confusion sur le fait que Kwanzaa provenait d’une célébration africaine pour les récoltes, ce qui en fait (logiquement) peu probable en hiver.
Comment se déroule la fête ?
Pendant sept nuits, la famille se rassemble autour d’un chandelier avec trois bougies rouges, trois vertes et au centre, une bougie noire nommée le Kinara. Il y a aussi la Coupe de l’unité, Kikombe Cha Umoja. Durant la sixième nuit, la coupe est passée entre les invités et la famille, pour symboliser l’unité. Elle est remplie dans la direction des quatre vents pour rendre hommage aux ancêtres, puis l’ancien bénit la coupe en demandant aux esprits de les accompagner avant de vider la coupe au sol. Les dernières gouttes sont destinées aux hôtes, puis à l’aîné.
Quant aux sept jours, il y a, à partir du 26 décembre dans l’ordre, l’unité, Umoja, l’autodétermination, Kujichagulia, pour rappeler que chacun est maître de son destin. Vient ensuite le travail collectif et la responsabilité, Ujima (mise des ressources en commun). Le quatrième soir, il y a Ujamaa, la coopération économique. La nuit suivante : le but, Nia, où chacun doit découvrir quelle est sa mission dans la vie, si possible utile à la collectivité. La créativité, Kuumba, et la foi, Imani (foi en soi, en la famille et la justesse de la cause) cloturent les festivités…
Lors de la dernière nuit Imani, des cadeaux sont échangés. Ils doivent être faits mains, hormis les livres qui peuvent être achetés. Ils ont pour but l’épanouissement de chacun. Si elle fut initialement pensée comme une alternative à Noël, la fête de Kwanzaa a pris un tout autre sens au fil du temps.
« Aujourd’hui, Kwanzaa a perdu sa dimension nationaliste et révolutionnaire. Institutionnalisée et commerciale, elle ajoute simplement une dimension multiculturelle à la séquence composite des fêtes de fin d’année. Il s’agit moins de remplacer Noël que d’ajouter un événement spécifique – de fait, la plupart des personnes concernées fêtent les deux. » explique l’historien Pap Ndiaye, dans un entretien accordé au Monde.
Kwanzaa a pour but d’édifier la communauté afro-américaine. C’est une célébration non capitaliste, communautaire qui permet aux Noirs d’Amérique de se rassembler et se (re)construire autour d’un patrimoine commun, quand beaucoup souffrent toujours du fait d’être déracinés. Les familles se rassemblent autour d’une Soul Food avec comme socle, l’amour et le partage…
Léna P.
