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Guadeloupe : grève générale du CHU de Pointe-à-Pitre pour dénoncer les conditions de travail

par Rokia

10 août 2019

Ils étaient plusieurs milliers, jeudi dernier, à défiler dans les rues de Pointe-À-Pitre en Guadeloupe, pour protester contre les conditions désastreuses du CHU de l’archipel. Inondations, moisissures, démissions du personnel soignant à bout de souffle, carences au niveau des approvisionnements en médicaments, telle est la situation de l’unique CHU de Guadeloupe.

Le centre hospitalier est au ralenti depuis un an et demi, suite à un incendie majeur, qui n’a fait aucune victime mais a occasionné d’importants dégâts matériaux. 

Des patients en danger 

Privé de ses appareils médicaux et de moyens humains, la majorité des services du CHU est en grève et réclame de meilleures conditions de travail, mais également une amélioration de l’accueil et de la prise en charge des patients. Des membres du collectif de défense du CHU avaient noté une hausse de 31% de décès des malades admis entre Janvier et Mars 2018, soit après l’incendie survenu en fin novembre 2017. En effet, les patients peuvent rester plusieurs jours dans des tentes sur le parking de l’hôpital avant d’être soignés. Ainsi, de simples interventions peuvent s’avérer fatales. Une jeune femme de 22 ans a perdu la vie lors d’une opération bénigne au rein, l’établissement n’étant pas pourvu en bouteille d’oxygène. 

“On ne peut pas continuer à soigner des Guadeloupéens en faisant semblant de les soigner. On ne peut pas continuer à soigner des Guadeloupéens en ayant la peur au ventre chaque jour qu’il se passe quelque chose de grave”, déplore Mona Hedreville, membre du collectif de défense du CHU de Guadeloupe à Franceinfo. 

Lire aussi : À la suite d’un incendie, la Guadeloupe sans CHU pendant au moins un an

Au début du mois de juillet 2019, l’hôpital a pris la décision à l’unanimité de fermer son service d’urgence car pour les médecins, continuer à accueillir des patients dans de telles conditions reviendrait à les mettre en danger, relate Radio Caraibes International.  Selon Les observateurs de France 24, plusieurs services ont été délocalisés dans des locaux transitoirs jugés inadéquats… vaine tentative pour rassurer le personnel hospitalier déjà surmené. 

Un mouvement qui prend de l’ampleur 

Depuis lors, le personnel hospitalier ainsi que les patients de l’île n’en peuvent plus et le font savoir. Plusieurs milliers de personnes ont donc répondu à l’appel lancé par une dizaine d’organisations syndicales pour soutenir le personnel en grève générale depuis le 23 juillet dernier. 

 «Tous les services sont concernés par le mouvement, principalement à l’administratif, car le personnel soignant a une obligation de service minimum», précise Gaby Clavier, secrétaire général de l’Union Travailleurs de la Santé. Le centre hospitalier a également reçu le soutien d’autres établissements de santé du département, également en grève depuis le 25 juillet. 

Sur Twitter, de nombreux internautes ont témoigné de leur situation et ont interpellé les médias via le hashtag #SOSCHUGuadeloupe. Plusieurs personnalités ont soutenu l’initiative dont l’artiste Admiral T ou encore la deputée France Insoumise, Daniele Obono, qui avait interpellé dans un tweet la ministre de la Santé, Agnes Buzyn. 

Un CHU endetté 

Si l’hôpital est arrivé à une telle situation, c’est aussi parce qu’il fait face à de grosses difficultés budgétaires. En cause, une dette fournisseur qui avoisine les 49 millions d’euros, selon le sénateur de la Guadeloupe, Dominique Théophile. Pourtant la ministre de la Santé Agnez Buzyn, assure “qu’une aide supplémentaire en trésorerie a été versée à l’établissement début juillet, ce qui permettra d’atteindre 48 millions d’euros d’aide pour les six premiers mois de 2019″ et promet un “plan de réorganisation de l’offre de soins, et la situation structurelle de l’établissement devrait être stabilisée en 2020”.

 Par ailleurs, des négociations entre la direction de l’hôpital et les autorités sanitaires ont eu lieu concernant le futur de l’établissement, sans toutefois parvenir à un accord. Affaire à suivre. 

Le centre hospitalier est au ralenti depuis un an et demi, suite à un incendie majeur, qui n’a fait aucune victime mais a occasionné d’importants dégâts matériaux