histoire

Fanon ou le combat pour la liberté

par Rokia

31 mars 2025

“FANON”, le film événement de Jean-Claude Barny sort ce mercredi 2 avril au cinéma ! Avant d’aller voir sa vie édifiante sur grand écran, Chris Douglas vous raconte qui est Frantz Fanon, cette une figure clé de la décolonisation, qui a consacré sa vie à la lutte contre le racisme et l’injustice.

Frantz Fanon, né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France en Martinique, est un psychiatre, essayiste, et ancien militaire, reconnu pour son engagement intellectuel et politique en faveur de la décolonisation et de la libération des peuples opprimés. Sa vie, marquée par des expériences profondes et une réflexion sur les effets du colonialisme, a laissé une empreinte indélébile sur les mouvements anticolonialistes à travers le monde.

Fanon fait ses premières armes dans le monde académique en étudiant au lycée Schoelcher, où il croise le chemin d’Aimé Césaire, poète et homme politique engagé dans la défense des droits des peuples colonisés. À l’âge de 18 ans, en 1943, il répond à l’appel du général de Gaulle pour soutenir l’Armée française de Libération durant la Seconde Guerre mondiale. Ce choix marque un tournant dans sa vie, puisqu’il rejoint les troupes aux côtés des « Tirailleurs Sénégalais ». Cependant, il est rapidement confronté au racisme systémique qui existe au sein de l’armée coloniale, ce qui le pousse à rompre son engagement militaire.

En 1946, après son retour en Martinique, Fanon obtient son baccalauréat à 21 ans, avant de partir pour la France, où son statut d’ancien combattant lui permet d’obtenir une bourse pour poursuivre des études de psychologie et de philosophie à Lyon. Ce parcours académique le conduit à un premier ouvrage marquant, Peau noire, masques blancs (1952), dans lequel il analyse le racisme quotidien qu’il a vécu et décortique la psychologie du colonisé face au colon. Son livre, bien que critiqué à sa sortie, propose des réflexions essentielles sur l’aliénation et la déshumanisation des peuples noirs sous le joug colonial, avec des citations percutantes : « L’ontologie, quand on a admis une fois pour toutes qu’elle laisse de côté l’existence, ne nous permet pas de comprendre l’être du Noir. » et « Si celui qui s’adresse en petit-nègre à un homme de couleur ou à un Arabe ne reconnaît pas dans son comportement une tare, un vice, c’est qu’il n’a jamais réfléchi. »

En 1953, Frantz Fanon se rend en Algérie, où il travaille à l’hôpital psychiatrique de Blida. C’est ici que se joue un autre tournant crucial dans sa vie : l’expérience du colonialisme en Algérie et la brutalité de la guerre d’indépendance le poussent à quitter son poste de psychiatre pour s’engager pleinement dans la lutte pour la libération de l’Algérie. Il rejoint le Front de Libération Nationale (FLN) et devient un fervent défenseur de la cause algérienne. En 1958, il représente le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GRPA) à Accra, lors du premier Congrès panafricain, consolidant ainsi son rôle d’ambassadeur de la décolonisation et de la lutte contre l’oppression.

Frantz Fanon meurt d’une leucémie le 6 décembre 1961 à Washington, à l’âge de 36 ans, sans avoir vu l’indépendance de l’Algérie qu’il avait tant défendue. Toutefois, son héritage demeure vivant. En Martinique, plusieurs lieux portent son nom, tels que des avenues, un lycée, et des bibliothèques, perpétuant ainsi la mémoire de cet intellectuel révolutionnaire qui a consacré sa vie à la lutte contre le racisme, le colonialisme et pour la dignité humaine.

Son œuvre continue d’inspirer les mouvements sociaux et politiques à travers le monde, faisant de Frantz Fanon une figure essentielle de l’histoire de la décolonisation et des droits humains.