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Du tricot pour survivre aux DIY TikTok aesthetic

par BY

13 avr. 2025

La maille est revenue en force dans nos feeds Instagram, Tiktok ou encore Pinterest. Mais derrière le savoir-faire de ces articles colorés et tendances, se trouvent des récits et des traditions oubliées. Qui travaillait la maille essentiellement ? Reprenons le fil depuis le début. 

Le retour de la maille 

Que ce soient nos algorithmes qui nous poussent vers des tutos au crochet, les magasins qui remplissent les rayons de pelotes et tricots ultra colorés à l’approche de l’été, ou encore les influenceurs déco et leur room tour au thème « boho » au macramé, la maille a fait un retour triomphal ces dernières années. La marque Loupy Studio comptabilise plus de 171k abonnés sur Instagram, les articles de la marque Pellawool sont tous sold-out, et les séances « Cinémailles » du Club Crochet Tricot sont complètes chaque mois, si bien qu’elles ont pu doubler leur nombre de projections. 

L’une des principales raison de ce retour en force ? Les confinements de 2020 et la volonté de s’occuper chez soi, avec une activité qui a un résultat concret. Selon le salon ‘Créations & savoir-faire’, plus d’un français sur deux s’est essayé à une nouvelle pratique créative en 2020. (Source : BPI france création).

« Me mettre au crochet était vraiment une bonne idée, surtout en étant coincée à l’intérieur pendant si longtemps. Tout ce qu’il faut, c’est un crochet et du fil, c’est très simple et il n’y a pas besoin de machine. » – Desly Gouw, créatrice de la marque de crochet Mémorial Day.

Ce qui fut longtemps considéré comme une activité pour « grands-mères », c’est-à-dire peu attrayante et ennuyeuse, se présente aujourd’hui comme quelque chose de trendy, original, voire relaxant quand on décide de s’y mettre.

Des techniques ancestrales oubliées

À l’origine, c’était avant tout un savoir-faire artisanal regroupant plusieurs corps de métiers : les cardeurs s’occupaient de préparer les fibres naturelles (laine, coton, lin, chanvre…) avant le filage en les démêlant et en les alignant, les fileurs transformaient ces fibres en fil, les teinturiers utilisaient des pigments naturels (issus de plantes, de minéraux) pour les teindre. Les tricoteurs et les crocheteurs, eux, utilisaient leurs aiguilles ou crochets pour créer des vêtements.

Cette chaîne de production s’est formée progressivement au fil des siècles, en fonction des techniques disponibles, des matériaux locaux, mais aussi de l’évolution des sociétés et des coutumes marchandes des différentes communautés.

Le tricot serait apparu en Égypte au Ve siècle, le macramé chez les tisserands arabes au XIIIe, et le crochet, dont les origines sont chinoises, péruviennes, tunisiennes et égyptiennes, se serait développé en Europe, au XIXe siècle. On était alors bien loin de la robe au tricot colorée ou du petit bonnet fancy, de la révolution industrielle qui a donné naissance aux grosses manufactures textiles, et de toute la mondialisation qui a suivi.

À cette époque, la grande majorité des personnes qui travaillent le textile étaient des femmes. Elles tricotaient principalement pour habiller les membres de leurs familles, notamment en période de guerres, de crises économiques, ou de froids intenses. Certaines femmes pouvaient également y voir une forme d’émancipation économique.  

On a là un véritable savoir-faire, enseigné le plus souvent de mères en filles, présent localement, au sein de diverses communautés, avant de se diffuser à travers le monde au fil du temps. Le travail de la maille n’était initialement pas un loisir mais une nécessité.

Ludivine Boucher et Lana Ngoy, PRESS’PLAY 2025