Cameroun – Ambazonie : Paul Biya en difficulté
Avez vous déjà entendu parlé de la crise de «l’ Ambazonie » ou du « Southern Cameroon » ? Si votre réponse est non, cela est totalement normale. Ces appellations sont utilisées pour désigner les régions Sud-Ouest et Nord-ouest du Cameroun par une partie de la population locale favorable à l’indépendance de ces régions.
Mise en contexte
Ces deux régions situées à la frontière du Nigeria sont des régions à la population majoritairement anglophone. Cela est dû au référendum du 20 mai 1972 où la partie anglophone sous tutelle de la Grande-Bretagne, de 1917 à 1961, rejoint la partie francophone sous tutelle de la France ( de 1917 à 1960). Ce référendum met fin au fédéralisme et devient un état centralisé.
L’enthousiasme laisse place à la contrariété
Les années passent, l’enthousiasme suscité par la réunification retombe, laissant place à une hétérogénéité ostensible. Les régions Nord-ouest et Sud-ouest, qui représentent 20% de la population, ne s’intègrent pas ou avec difficulté, au pays. Sous la direction d’Ahmadou Ahidjo, premier président de la République du Cameroun durant 10 ans après l’unification (1972-1982), l’unité culturelle peine à s’installer et l’anglais est mis de côté dans l’administration ainsi que dans l’éducation. « Deux Cameroun » se forment alors et l’arrivée au pouvoir de Paul Biya en 1982 n’y changera rien. Au pouvoir depuis 35 ans, le président ne parvient pas à dénouer la situation qui semble au point mort.
À Douala, la plus grande ville du Cameroun et capitale économique, 99% de la population s’exprime en français bien que frontalière aux régions anglophones. Les professeurs envoyés à l’Ouest s’expriment pour la plupart en français, ce qui est génère une disparition progressive de la langue en anglaise.
Un autre signe de la non intégration de ces régions anglophones est qu’au sein du gouvernement, parmi les 36 ministres en place, un seul est originaire de la partie anglophone, sans parler des inégalités d’infrastructures dans ces régions, comparé au reste du territoire.
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Crise qui perdure

Depuis la fin 2016, l’Ouest et le gouvernement central se sont opposés. Des attentats ont notamment été commis par des militants anglophones mais n’ont fait aucune victime.
Le 1er octobre 2017, des séparatistes proclamés annoncent une indépendance symbolique des deux régions anglophones et choisissent comme leader/ président Julius Sisiku Ayuk Tabe, un ingénieur formé au Royaume-Uni. Celui-ci est principalement soutenu par une partie de la population et diaspora anglophone.
La « crise anglophone » a créé de nombreuses victimes chez les militants séparatistes, dans l’armée de Paul Biya mais aussi chez les civils qui manifestent contre la présence militaire dans la région.
On compte plus de 200 morts depuis le début de la crise débutée fin 2016, malgré la difficulté à encombrer les victimes.
Le séparatiste Tabe a depuis été arrêté. Cependant il a été remplacé par un autre leader, et l’armée et les séparatistes s’affrontent toujours.
Chris Grembokole pour ByUs Media
