Abolition de l’esclavage : la statue d’une esclave érigée à Bordeaux

Une statue a été érigée sur les quais de Bordeaux, dans le cadre de la journée de la commémoration de la fin de la traite négrière, ce vendredi 10 mai. Un hommage d’autant plus marquant, au vu du passif colonial de “la belle endormie”.
Le menton fièrement relevé, le regard empli d’espoir levé vers le ciel, et la main sur le torse comme pour se protéger : la statue de Modeste Testas symbolise une sombre époque dans l’histoire de Bordeaux, ville à l’origine de la déportation de près de 150 000 esclaves noirs entre 1672 et 1837. Érigée sur les quais bordelais pour la 14ème journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage, celle-ci résulte d’une volonté de la mairie, née en 20018, de rendre hommage aux victimes de l’esclavage.
Modeste Testas : triste symbole de la traite négrière
Modeste Testas, née Al Pouessi, a grandi en Éthiopie. Elle est vendue à dès l’âge de treize ans, à Saint-Domingue (actuel Haïti). En 1781, elle est rebaptisée par les frères Testas, originaires de Bordeaux et propriétaires d’une sucrerie sur l’île Dominguoise. À la fin du 18ème siècle, François Testas se rend à New-York accompagné de ses esclaves, du fait de l’occupation anglaise à Haïti. Il meurt d’une maladie foudroyante et exige dans son testament, l’affranchissement de ses esclaves.
Modeste Testas se marie avec un ancien esclave dénommé Joseph l’Espérance, et donne naissance à neuf enfants. L’un d’entre eux, François Denys Légitime, deviendra président d’Haïti en 1888, soit 18 ans après la mort de sa mère décédée à l’âge de 105 ans, en 1870.
Bordeaux, un devoir de mémoire

La capitale girondine poursuit, lors de cette semaine des commémorations de l’abolition de l’esclavage, un travail de mémoire. Il a fallu plus de deux siècles à la ville de Bordeaux pour organiser différentes actions en son cœur, pour rendre hommage aux victimes du commerce triangulaire.
Pour de nombreuses associations telles que Mémoire et Partages, le nom des rues de Bordeaux posent problème. Des noms d’esclavagistes sont inscrits sur des plaques de rue dans la ville, comme rue David-Gradis ou rue Desse. Ils sont connus pour avoir été particulièrement actifs dans des expéditions négrières. La ville avait annoncé en 2018, l’apposition de plaques explicatives sous les noms des rues. Un an après… cette mesure n’est toujours pas entrée en vigueur
